Une journee avec le fontainier de notre commune
– Les renseignements bonjour!
– Bonjour madame, j’aimerai le numéro du fontainier de la commune de Collombey-Muraz s’il vous plait.
– Désolée, madame ce n’est pas une dénomination connue de notre répertoire.
Aïe, c’était mal parti… Un coup de fil à la commune qui, elle, m’informe que le fontainier dépend du dicastère du service public dans le secteur du service des eaux et s’appelle Ludovic Moret. Motivée par cette rencontre d’un métier inconnu, j’ai pris contact avec le «Maître Fontainier».
Ludovic Moret est un homme jeune, passionné par ses tâches journalières. Son rôle est essentiel et primordial au sein de notre commune puisqu’il est responsable de l’exploitation de l’ensemble des installations du service des eaux. Ceci permet d’approvisionner la population en eau potable de qualité irréprochable. Ludovic me rappelle que l’eau est LA denrée alimentaire la plus précieuse qu’il soit, elle est aussi bien vitale qu’irremplaçable, dont la qualité et l’abondance sont nécessaires quotidiennement pour tout un chacun. C’est sur cette définition que ses responsabilités sont grandes.
Les exigences pour cette fonction sont élevées et sont largement précisées dans la législation sur les denrées alimentaires. Pour répondre à autant de responsabilités, j’ai appris que le métier de fontainier est appuyé par une formation permettant d’obtenir un brevet fédéral de «maître fontainier». Elle est organisée par la Société suisse de l’industrie du gaz et des eaux (SSIGE). Ludovic est reconnaissant que la commune lui ait permis de se former en 2009.Très humblement après des heures d’études, à se remettre à calculer des courbes et des pressions d’eau, à enregistrer des notions de lois, des ordonnances fédérales et 13 h 45 d’examen plus tard, Ludovic a obtenu son brevet fédéral. Chapeau Maître!
Grâce aux apports théoriques reçus, Ludovic améliore continuellement son travail, en mettant en place un système qualité performant. Il effectue fréquemment des autocontrôles de tout le système du réseau d’eau: zone de captage, stations de pompage, réservoir d’eau, tableaux électriques, analyse bactériologique de l’eau, pour ne citer que quelques tâches de sa longue liste établie avec son chef Abel Udressy.
Je fus impressionnée par la pureté, la transparence de l’eau arrivant de nos montagnes. Ludovic souligne la chance que nous avons sur notre commune qu’aucun traitement chimique ou adjonction de produits n’est nécessaire pour l’eau de boisson de notre réseau. Il faut savoir que la Suisse est appelée «le château d’eau de l’Europe». Du point de vue hydrologique, la Suisse occupe une situation privilégiée: ses ressources en eau sont immenses. Seuls 2% des précipitations annuelles sont utilisés pour la production d’eau potable.
C’est en jeep communale que nous nous sommes déplacés sur les différents lieux protégés contenant le précieux liquide, appelé aussi «or bleu». Je ne m’attendais pas à une installation aussi technique et surtout disposée à plusieurs endroits de la commune.
Les villages de Collombey, Collombey-le-Grand, Muraz et Illarsaz bénéficient tous du même réseau, alimenté par les sources de montagne de Chemeneau/Les Caouès et des Grandes Ravines. Ces apports s’effectuent par gravité au réservoir du Noiret, situé sur les hauts de Muraz. Quantitativement insuffisants, ces débits sont en permanence complétés par les captages des sources du pied du mont dans les secteurs du Crêt et de l’Avançon, entre Muraz et Vionnaz. Acheminée aux stations de pompage, cette eau est également refoulée dans le réservoir du Noiret. Ces apports sont complétés par la source des Fours, dont les débits sont directement injectés dans le réseau, sans transiter par le réservoir. Le réseau d’eau communal est également connecté à la station de pompage de Collombey-le-Grand qui puise l’eau de la nappe, mais il n’est plus utilisé comme source principale de ravitaillement. Seuls des pompages d’essai sont maintenus périodiquement, le but étant qu’en cas de problème important ou de pénurie, cette station soit en permanence une solution de secours immédiat. En cas de pénurie ou de problème particulier, une solution existe également par l’interconnexion des réseaux de Monthey et de Collombey-Muraz. Le territoire de montagne (alpages) est alimenté par son propre réseau, propriété de la Bourgeoisie. Pour ces eaux ainsi que pour quelques propriétaires alimentés par des sources privées, le rôle de la commune consiste à exiger que ces eaux soient potables et conformes aux exigences légales. Par convention, le village des Neyres est desservi par les Services industriels de Monthey.
Après avoir fait le tour de toutes ces installations, Ludovic m’a emmenée à sa «base de contrôle» située près de la Step, puisqu’il a également un pourcentage dévolu à ce secteur. Un ordinateur aux multiples codes de sécurité lui permet d’accéder au réseau d’eau complet. La même installation se trouve à la maison de commune. Un magnifique plan informatisé nous indique le bon fonctionnement des installations, les débits en litre minute sont indiqués. L’ouverture ainsi que la fermeture des vannes peuvent se faire en un clic de souris. Le programme informatique est d’une performance telle qu’au moindre écart détecté, une alarme se déclenche permettant ainsi d’appeler selon une liste de téléphone prédéfinie une personne susceptible de réparer le problème; le maître fontainier étant bien évidemment appelé en premier.
Je suis impressionnée par autant de technologie. Jamais je n’aurais pu m’imaginer qu’en ouvrant mon robinet autant de procédés devait être respectés. En analysant la masse de travail à effectuer pour être aux normes, Ludovic en collaboration avec son chef a pu obtenir auprès de la commune un poste supplémentaire pour le soutenir. Cette nouvelle collaboration le rend encore plus heureux, déjà qu’il fait le plus beau métier du monde; alors bienvenue à Frédéric Sudan.
Nous terminons notre visite dans un café du village; Ludovic commande un café et un verre d’eau! Je vous avais dit que c’était VITAL!